Série LES BAIGNEURS
La série des baigneurs a trouvé son origine dans une série de croquis de vacances au bord de l’eau, de vacances à la plage. Déjà choisie pour des performances à Catane, en Sicile, la plage est le lieu du corps offert, disponible, loin de tout utilitarisme. C’est le lieu de la vacance.
Les corps se baignent de soleil, de lumière et d’eau salée, mais on ne laisse pas si facilement que cela les « états d ‘âme, les « états d’esprit », au vestiaire. On est alors heureux, joyeux, contrarié, en proie à la jalousie, aux relations de pouvoir, amours angoissées, familles tentacu- laires, mères possessives, la seule différence est qu’on se trouve en maillot dans l’eau. Comme le verre d’eau à moitié plein ou a moitié vide, les baigneurs sont immergés en attente de noyade ou d’une partie de volley-ball.
Au fil des réalisations et du temps, le thème de la baignade a glissé. Restent le corps immergé ou émergé, l’éclaboussure ou la coulure, la liquidité du médium.
S’y est ajouté rapidement l’idée du masque. Au départ il s’agissait certainement de transcrire le bronzage et le coup de soleil sur le nez. Rapidement cependant je me suis approchée de masques (de plongeurs ou théâtraux). Plus j’avance dans cette série et plus ma réflexion se porte sur les parallèles à tirer des rituels sociaux tels que les vacances à la mer et des rituels « premiers » ou initiatiques.
S’exposer au soleil, se baigner dans l’onde, se dénuder, voici en effet des gestes maintes fois utilisés dans des rituels qu’on pourrait appeler de « reliance », ayant trait à ce « sentiment océanique », cet appel de la nature, ce sentiment que tant d’urbains mais aussi de mythes, de légendes fondatrices mettent en scène. (cf. L’oeuvre de D.H.lawrence, par exemple).Les formats (sur papier) utilisés pour ces dessins oscillent entre le 2,25m x 1,5m et le 1,5 x 1,25m. A mesure que ces formats augmentent, les gestes se font plus larges, et m’incitent à relever le plan à la verticale. Je prends alors position face à un mur que j’attaque comme une paroi, à l’aide d’outils graphiques qui se révèlent contondants, et impriment de violents coups dans le papier.
Le fond - la mer – devient objet de fureur, qui sépare le format en deux, coupe le corps en deux, immergé/émergé, et en nie la perspective.
-corps vacants. -Idoles océaniennes -Gestes sacrés/gestes de dessin -Corps coupés/immergés -Le sujet coule/ le sujet saute/ le sujet sort de l’eau -Les bras du sujet sont levés parce qu’il s’extirpe de l’eau -Les bras du sujet sont levés parce qu’il adore les vacances et la mer -Les bras du sujet sont levés car il attend le ballon -Opérer sans se montrer/se découvrir (nu mais masqué) -Caresse de l’idole par le dessinateur / idée d’un rituel